Mon parcours de A à Z

Notre exploitation viticole est celle de notre famille depuis plusieurs générations ; je sors de l’école communale avec le certificat d’Etudes Primaires ; ma formation de futur vigneron se passe à l’Ecole de viticulture et d’œnologie de la Tour Blanche à Bommes ; je termine avec un brevet de technicien et avec un diplôme d’œnologie. Sorti en juin, me voilà déjà embauché par les services de la Chambre d’Agriculture afin de suivre les parcelles destinées à la production de greffons sélectionnés –c’est le début des clones et des plants certifiés-occasion pour moi de commencer à mettre de l’argent de côté pour l’achat de ma future voiture.


Avec l’âge qui avance, mon Père me conseille et m’encourage à suivre les cours de préparation militaire à la Gendarmerie de Targon ; notre équipe remporte la coupe de tir de l’Entre-deux-Mers, pour mon cas personnel, la première place en individuel, récompensé par une superbe médaille. Suite à ces cours, je suis une formation prémilitaire au camp de Souges ;  je sors major de cette promotion ;en récompense, mon brevet en poche, il m’est possible de choisir mon arme et mon lieu d’affectation, je serais donc moniteur formateur au CI du 33 ème Régiment d’Artillerie de Poitiers pour les sections d’EOR Officiers et Sous-Officiers et sur 105 HM2 et 155 ; bien que militaire, notre métier d’agriculteur reste de mise, je fais partie du club agricole, mettant sur pied une action afin que les soldats viennent en aide aux maïsculteurs victimes d’un hiver très humide, ne pouvant ramasser leur récolte mécaniquement, notre concours fut donc le bienvenu ; démobilisé, je fais partie de cadre de réserve (hors cadre à ce jour) A mon retour à la vie active, je me marie (détails sur la note) ; même de qualité, nos vins se vendent mal en vrac à des prix ridiculement bas, je tente l’aventure de la vente directe de ma gamme de vins vers la clientèle privée, étape marquante dans ma vie de vigneron, ma formation de technicien m’y aide beaucoup. Le début est difficile, les clients encore peu nombreux ; les contacts se multiplient toutefois, je commence à connaître très vite pas mal d’amateurs séduits par la formule et recherchant des produits du terroir « cousus mains » peut-être aussi la chaleur humaine de l’accueil ; des liens se créent, les clients deviennent vite des amis, jouant le rôle d’ambassadeur.


La formule fonctionne, il faut déjà prévoir un nouveau local de stockage, moderne, parfaitement isolé, l’investissement est lourd ; une poignée d’Amis me proposent leur aide afin que l’on puisse envisager ce travail nous-mêmes, l’économie ainsi réalisée est considérable ; nous avons le matériel, avec des bras solides, le projet se réalise profitant de l’occasion pour agrandir notre maison d’habitation de 170 m2 au sol, autant à l’étage –aussi, de construire une piscine chez un Ami qui avait « donné »- c’est ça l’amitié !la vraie Durant toute cette période « chaude » il n’était pas question de réfléchir où il faudrait partir en vacances, n’en ayant pas le temps, le peu de moyens servant à autre chose.


Les contacts se multiplient ; avec le hasard, je rencontre des pilotes de l’Armée de l’Air, il se produit là un bond en avant considérable ; nous partageons les mêmes valeurs. De passage au début, ces clients deviennent très vite des Amis, de vrais ambassadeurs qui nous font connaître autour d’eux, des cuvées spéciales leur sont dédiées ; que de souvenirs ; il me faudrait plusieurs pages pour tout noter : mes vols partagés sur avions de voltige, mon tour sur réacteur, des bons, aussi des mauvais avec la disparition des certains lors d’accidents.


Passionné de technique et de mécanique, je fabrique pas mal d’outils –à mon image- à notre atelier, j’aide la mise en place d’éléments d’égrappage sur ma machine à vendanger, ce matériel existe déjà mais ne fonctionnant qu’à poste fixe dans un chai ; je suis le premier en France à utiliser ce système embarqué sur une machine tractée –cité sur la France Agricole - voir notes- Côté professionnel, je fus dégustateur à notre centre de Beychac depuis sa création (j’ai abandonné à mes 60 ans) membre de la Confrérie de l’Ordre des Vignerons des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, délégué cantonal de notre syndicat de producteurs, délégué cantonal de la MSA, faisant partie d’une association de défense grêle, j’en fus le trésorier une dizaine d’années, j’ai passé la main à ce jour. Dans le domaine communal, j’ai fait un mandat de conseiller municipal ; à mon jeune temps, Président de notre société de jeunesse, ensuite de notre société de chasse. Je suis Chevalier dans l’Ordre National du Mérite depuis 2014, membre de l’AMOMA 33, depuis 1997 j’intègre le bureau en 2007 comme Secrétaire adjoint, puis comme Secrétaire Général en 2009 étant également le porte drapeau de notre association. Je suis Chevalier dans l’Ordre du Mérite Agricole depuis 1997, Officier depuis 2010. 

Mes loisirs ; le bricolage, le ramassage des champignons (qui poussent souvent pendant nos vendanges) la chasse bien sur, facile pour moi étant sur place, recevoir nos Amis Clients fait bien sur partie de nos loisirs, c’est fort agréable d’avoir ces contacts humains et de récompenser au passage ces amoureux de nos produits qui nous font connaître autour d’eux.
Le palmarès obtenu par notre gamme de vins témoigne des efforts qui ont été faits ; à côté de cela, de nombreuses parutions ont fait état de cet ensemble de choses (oscar de la vigne et du vin en 1991) un de nos millésimes fût cité lors du Concours des 1000 et un châteaux de Bordeaux et fit ensuite partie du palmarès des 100 meilleurs vins (note jointe)


Voilà le récit de mon parcours, il vaut ce qu’il vaut, je ne veux pas avoir l’air de me mettre en avant, je suis très heureux de mon choix de commercialisation en vente directe ; la santé m’y a aidé, je poursuis donc ma tâche heureux de toujours rencontrer tous ces amis qui m’ont permis de vivre correctement avec ma famille, satisfait d’avoir pu leur procurer du bonheur lors de la dégustation des vins, élément de convivialité et de chaleur lors des rencontres familiales ou amicales, heureux aussi d’avoir contribué à défendre nos valeurs , l’image de nos vins, celle de Bordeaux également, tout en étant certain de leur avoir fait boire des vins naturels, gardant toujours à l’esprit de bien nombreuses réflexions : depuis que l’on boit de ton vin, on a plus mal à la tête !
Né en 1946, mon âge avance mais mon long parcours professionnel n’est pas terminé ; m’amusant à totaliser les heures de chacun de mes tracteurs, j’arrive à un total dépassant les 35000 heures passées à leurs commandes ! Je souhaite continuer mon action tant que la santé me le permettra il n’est donc pas question de parler de retraite ! j’ai toujours recherché à travailler avec honnêteté et droiture avec un objectif : séduire avec nos vins, garder le client, celui d’aujourd’hui pour en faire un de demain. Il ne m’est donc pas possible d’abandonner des personnes qui nous ont fait confiance, qui nous ont gardé une fidélité sans faille, nous permettant de mieux vivre depuis presque un demi siècle, gardant toujours cette immense satisfaction de ce que peut être le contact humain en recevant tous nos Amis clients. Le jour où il faudra que je quitte mon vignoble, le moment sera très dur et l’étape difficile à vivre. Si je n’ai jamais recherché à être un des plus grands, par contre, j’ai toujours œuvré pour figurer parmi les meilleurs, n'essayant pas à devenir un homme qui a du succès, plutôt un qui a de la valeur.

Que le mot de paysan reste pour nous tous notre titre de noblesse.